Bénédiction et consécration de l'Ambon et de l'Autel de l'église de Sizun

Ce 30 avril 2024, le nouvel autel de l’église de Sizun a été consacré par notre évêque, Monseigneur Laurent DOGNIN. La consécration d’un autel est un rite hautement solennel et théologique. Elle met en lumière les grandes étapes de l’initiation chrétienne. Elle nous permet de mieux comprendre le sens de la table qui se trouve dans chœur de l’église et qui ne peut pas être confondu avec n’importe quelle table.

En effet, le mot autel vient du latin (altar qui veut dire « élever. ») Comme nous le constatons dans nos églises, le chœur est un peu surélevé par rapport à la nef. Ainsi, l’autel est le lieu de la rencontre entre le ciel et la terre, la table sur laquelle le Christ s’offre en victime pour la vie du monde. Ainsi, le sacrifice de la croix, rendu présent sous les signes sacramentels.

Dans ce rite de consécration qui est riche et surtout très beau, je retiens deux éléments qu’il faut absolument comprendre dans un l’autel. Tout d’abord la pierre d’autel. Elle représente le Christ notre chef, notre tête, notre pierre angulaire qui fait tenir tout l’édifice. Pour ainsi dire, l’autel est la présence du Christ parmi son peuple.

Ainsi donc, le célébrant le vénère au début de la messe, au moment du baiser de paix et à la fin de la messe. Il est aussi important saluer quand on passe devant l’autel et quand on monte dans le chœur pour une lecture et la prière de l’assemblée….
Ensuite, les reliques des Saints qui se trouvent sous la pierre d’autel nous font prendre conscience que nous sommes appelés à la sainteté.

Lors de la messe de la consécration de l’autel, avant la liturgie de la parole, l’évêque a béni l’ambon. Celui-ci et l’autel constituent deux tables qui ont un lien étroit. L’ambon est la table sur laquelle est proclamée la parole qui se fait chair sur la table de l’autel, sous l’apparence Eucharistique.

En effet, dans la présentation générale du missel que nous utilisons pour la messe (le missel romain), nous lisons : « la dignité de la parole de Dieu requiert qu’il y ait dans l’église un lieu adapté à sa proclamation et vers lequel pendant la liturgie de la parole, se tourne spontanément l’attention des fidèles. » Ce lieu, c’est l’ambon. Du grec anabaïnein « monter ». Donc, l’ambon est un lieu surélevé pour le déploiement de la liturgie de la parole qui commence avec la première lecture et qui se termine avec la prière de l’assemblée, appelée communément « la prière universelle ».

Le principe d’avoir un emplacement pour la parole remonte en 445 AV JC. Comme lions dans le livre de Néhémie : « Le scribe Esdras se tenait sur une estrade de bois, construite pour la circonstance. Esdras ouvrit le livre au regard de tout le peuple — car il dominait tout le peuple — et, quand il l’ouvrit, tout le peuple se mit debout. Alors Esdras bénit Yahvé, le grand Dieu ; tout le peuple, mains levées, répondit : Amen ! Amen ! Puis ils s’inclinèrent et se prosternèrent devant Yahvé, le visage contre terre » (Ne 8, 4.5.6)

Jésus, au chapitre 4 de l’Evangile de St Marc, en montant dans la barque pour enseigner la foule, montre l’importance de prendre un peu de hauteur quand on enseigne la parole de Dieu pour être entendu et vu par tous.

Homélie donnée Par monseigneur Laurent DOGNIN.

Chers amis, Dans ce bref passage d’Évangile, Jésus montre à quel point l’autel est un lieu sacré et la démarche d’offrir un sacrifice pour se réconcilier avec Dieu nous engage aussi à régler nos conflits de personnes. Il y a un lien direct entre l’offrande faite sur l’autel, par amour de Dieu, et l’offrande de notre vie pour nos frères. «Si quelqu’un dit “j’aime Dieu”, alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur», nous dit saint Jean (1 Jn 4, 20). L’autel apparaît alors comme un lieu où s’exprime quelque chose d’essentiel dans notre relation à Dieu et aux autres. Or, lorsque Jésus va offrir sa propre vie sur la Croix pour nous sauver, en faisant précéder ce geste par l’institution de l’eucharistie à la dernière cène. C’est ce sacrifice de Jésus, ce don de sa vie, que nous continuons à célébrer sur l’autel. Comme le dit saint Paul : « Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne.» (1 Co 11, 26)

Dans sa lettre DESIDERIO DESIDERAVI, le pape François nous dit : « Nous ne devrions pas nous permettre ne serait-ce qu’un seul instant de repos, sachant que tous n’ont pas encore reçu l’invitation à ce repas, ou que d’autres l’ont oubliée ou se sont perdus en chemin dans les méandres de la vie humaine. (…) afin que tous puissent s’asseoir au repas du sacrifice de l’Agneau et vivre de Lui.» (n° 5)

C’est dire à quel point l’autel est un lieu particulièrement sacré dans l’église !

Dans la prière de consécration que je vais chanter, il y a trois attributs qui nous font bien comprendre ce que représente l’autel placé dans le chœur de l’église : le symbole du Christ, la table de fête et la source d’unité de son peuple.

 Je voudrais reprendre ces trois aspects :

  1. « Que cet autel soit pour nous le symbole du Christ… »

L’autel, placé dans ce sanctuaire, rappelle donc l’autel des sacrifices qui se trouvait dans le temple de Jérusalem comme nous venons de l’entendre dans le livre de Josué où il est dit que « sur cet autel, ils offrirent au Seigneur des holocaustes et des sacrifices de paix. » Les gens venaient apporter des offrandes ; ces offrandes pouvaient être des prémices de leurs troupeaux, des prémices de leurs récoltes. Ainsi, ils remerciaient Dieu de les combler de tous les bienfaits que pouvait produire la terre. Il y avait aussi des sacrifices pour demander pardon avec le sang des animaux qui était répandu sur les fidèles. Au fond, tout ce qui était offert sur cet autel avait pour but de mettre les croyants en communion avec Dieu et avec les autres. L’autel a donc toujours eu énormément d’importance dans la religion.

Avec le sacrifice de Jésus, la signification de l’autel a trouvé vraiment son sens, mais il y a un lien très profond avec ce qui se célébrait déjà dans l’Ancienne Alliance. Pour nous, ce ne sont plus des animaux bien sûr que nous sacrifions sur l’autel en signe de communion, c’est le Christ qui a versé son sang une fois pour toutes sur l’autel de la croix et ce sang, signe de vie, nous délivre de nos péchés et nous fait entrer en communion parfaite avec Dieu. 2 C’est pourquoi cet autel recevra l’onction de Saint-Chrême, l’huile sainte… car le nom de Christ, signifie celui a reçu l’onction du Saint Esprit, comme nous l’avons reçue nous-mêmes à notre baptême et à notre confirmation.

Lorsqu’au début de la messe, le prêtre s’incline devant l’autel, le vénère en l’embrassant et qu’il l’encense, c’est bien le Christ qu’il vénère ainsi. Ce n’est pas un meuble ordinaire ! Et l’encensement manifeste aussi la présence de Dieu.

  • « Que cet autel soit la table de fête où les convives du Christ afflueront dans la joie… »

Lorsque nous mettons une nappe sur l’autel, avec les vases sacrés qui contiennent le pain et le vin, qui deviendront Corps et Sang du Christ, cela nous fait penser à la nappe que nous mettons sur nos tables familiales lors des fêtes qui nous rassemblent dans la joie.

Mais là, c’est la table du repas dans lequel Jésus se donne en nourriture. Une nourriture qui nous fait entrer dans sa vie pour toujours. Comme l’exprime si bien la prière de consécration : « Que cet autel soit un lieu de paix et de profonde communion avec toi… pour que tes enfants, nourris du corps et du sang de ton Fils, et abreuvés de son Esprit, grandissent dans ton amour. »

  • « Qu’il soit source d’unité pour l’Église et source d’union entre les frères »

Ce n’est pas pour rien que tous les sièges de l’église sont orientés vers l’autel. Cela symbolise le peuple chrétien qui se rassemble autour de son Seigneur et qui, par là même, est appelé à faire grandir la fraternité en étant toujours davantage attentifs à ceux qui ont plus de difficultés, manquent du nécessaire ou qui se sentent marginalisés. Le fait de nous tourner ensemble vers l’autel qui représente le Christ, pour écouter sa parole, le louer, lui rendre grâce et nous nourrir de son Corps est un véritable engagement pour nous. On ne vient pas à la messe de façon individuelle, pour notre propre besoin personnel, même si cela est nécessaire pour notre vie de foi. On vient à la messe pour que le Christ fasse de nous tous son Corps. Notre simple présence nous ouvre à cela, mais aussi notre prière, notre foi, notre engagement à suivre Jésus en nous mettant au service de nos frères et sœurs.

Accueillons ces belles paroles du pape François : « Continuons à nous émerveiller de la beauté de la liturgie. La Pâque nous a été donnée. Laissons-nous toucher par le désir que le Seigneur continue d’avoir de manger sa Pâque avec nous. » (DESIDERIO-DESIDERAVI n° 65)

En ce lieu où Saint Suliau est honoré pour avoir contribué à l’évangélisation de cette terre de Bretagne il y a environ 1400 ans, la consécration de cet autel est une nouvelle étape de l’annonce de la Bonne Nouvelle du Salut. Sur cet autel, le Christ continue de donner sa vie aux fidèles qui viendront participer à la messe et à nous qui y participons ce soir. Amen.

Laurent DOGNIN Évêque de Quimper et Léon

Mot remerciement du père curé

Monseigneur, Laurent DOGNIN
Père Fricot MILIEN SPSJ
Mme le maire et les membres du conseil municipal
Chers frères prêtres
Les membres de l’association des amis de l’enclos
Ewan le BER et les artisans
Chrétiens du pôle Sud et de la grande paroisse.

Le projet de refaire le mobilier de l’église de Sizun, a été lancé avec le père Jean Yves DIROU ici présent. Peu de temps après mon arrivée dans la paroisse, j’ai reçu une invitation à participer à une rencontre avec la commission art sacré, quelques membres de l’association, Ewan le BER, quelques paroissiens du pôle sud et bien entendu le père Jean Yves, pour définir le choix du mobilier, qui nous donne ce que nous avons sous nos yeux aujourd’hui. Cela a été une bonne nouvelle pour nous, de savoir que le chœur de l’église va être refait par des artisans locaux, avec des matériaux et des bois locaux pour que ça soit beau et harmonieux, comme vous pouvez le constater. C’est ce qui fait que ce soir, nous vivons un événement qui marque une nouvelle page dans l’histoire de cette église. Qu’il soit un événement déclencheur d’un réveil spirituel pour notre communauté chrétienne, afin de pouvoir renouveler notre attachement au Christ et à son Eglise.  Ainsi, nous trouverons plus de joie de célébrer l’Eucharistie sur cet autel où le Christ se donne en nourriture pour vivre avec nous, pour que nous soyons heureux.

Sur ce, au nom de la communauté chrétienne, je vous remercie Monseigneur, d’avoir célébré cet événement dont le rite nous rappelle les grandes étapes de l’initiation chrétienne.

Un grand remerciement aux bénévoles de l’association des amis de l’enclos qui grâce à leur générosité, c’est-à-dire en donnant leur temps, l’association a pu faire des bénéfices pour financer le nouveau mobilier de l’Eglise.

Je remercie Mme le maire et son conseil municipal, les confrères prêtres, les chrétiens bénévoles de cette église qui ont contribué à la réalisation de cet événement

Et pour terminer je remercie et vous demande d’applaudir Ewan et ses collaborateurs pour leur savoir-faire.

Je remercie et vous demande d’applaudir Ewan et ses collaborateurs pour leur savoir-faire.

Le nouveau mobilier de l’église a été réalisé par Ewan le BER et ses collaborateurs à qui nous témoignons de notre reconnaissance. Nous saluons leur inspiration et leur capacité à pourvoir réaliser de grandes œuvres liturgiques pour la gloire de Dieu.