Dans la Rome antique et païenne existait une fête en l'honneur des défunts de chaque famille. Les chrétiens voulurent aussi rendre un culte à leurs pères dans la foi, spécialement à Rome, auprès des tombes de saint Pierre au Vatican et de saint Paul sur la voie d'Ostie. Mais avec la conversion de l’empereur Constantin en l’an 313, on commémora les deux apôtres dans une grande fête annuelle le 29 juin. Or les chrétiens voulurent également célébrer par une fête spéciale l'accession de saint Pierre à la charge de pasteur suprême de l’Église. Les églises d'Orient rattachées au patriarcat d'Antioche célébraient le 22 février la chaire de saint Pierre à Antioche tandis que les Églises d’Occident n'admettaient pas de solennités en temps de Carême ; ils reportèrent donc la fête de la chaire de saint Pierre à Rome le 18 janvier. Mais l'unité prévalut après plusieurs siècles dans le choix le plus ancien, à l’occasion du concile Vatican II. La fête de la chaire de saint Pierre est bien sûr un rappel de la primauté du pape, instituée par le Christ après sa résurrection. C’est en effet à ce moment-là que Pierre reçut de Jésus sa mission de nourrir son troupeau et de le maintenir uni, selon les mots du Seigneur : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » Saint Jérôme dira ainsi : « Je ne crois en aucun autre primat que celui du Christ ; c'est pourquoi je me mets en communion avec la chaire de Pierre. Je sais que l'Église est édifiée sur cette pierre. » Le dogme de l’infaillibilité pontificale proclamé en 1870 affirme par ailleurs que le pape ne peut se tromper en matière de foi et de morale lorsqu’il s’exprime ex cathedra, c'est-à-dire « depuis la chaire. » Aussi la liturgie met-elle aujourd’hui en lumière la foi de Pierre qui est le rocher sur lequel repose l’Église. On conserve encore dans le chœur de la basilique Saint-Pierre de Rome la chaire du premier pape, siège qui servit à l'apôtre lorsqu'il présidait l'assemblée des fidèles. Cette relique est l’expression symbolique de l’autorité exercée par saint Pierre et ses successeurs à travers les siècles. Que cette fête soit pour nous l'occasion de prier pour notre pape et pour sa mission de pasteur, lui qui est le « serviteur des serviteurs » selon les mots de saint Grégoire le Grand.