
Jean-Joseph de la Croix naît en 1654 dans l’île d’Ischia, près de Naples en Italie. Enfant, il aime la solitude, le silence et la prière. Il fuit les jeux des enfants de son âge, aimant mieux consacrer ses récréations à visiter des églises et à y adorer le Sauveur. Dès tout petit, il aime les pauvres au point de leur distribuer tout l’argent dont il peut disposer. On le voit, un jour, se mettre à genoux dans la boue et prier pour un de ses frères qui l’a frappé.
C’est à 17 ans qu’il entre chez les Frères Mineurs déchaussés, un ordre mendiant issu d’une réforme de l’ordre franciscain. Il est ensuite envoyé au sanctuaire de Piedimonte où un couvent est en train d’être construit. Il y sera ordonné prêtre à l’âge de 23 ans. C’est à cette époque qu’il crée dans un bosquet caché des regards un petit ermitage ; nommé “La solitude”, cet ermitage est aujourd’hui encore un lieu de pèlerinage.
A vingt-quatre ans, Jean-Joseph devient maître des novices, puis supérieur du couvent de Piedimonte ; s’il accepte les honneurs avec humilité, il les quitte toujours avec joie. Nous sommes alors au début du 18e siècle et l’ordre auquel il appartient connaît de graves dissensions. Les franciscains italiens et espagnols se séparent en deux branches ; des couvents en Italie sont confiés aux Espagnols, plus puissants. Jean-Joseph est nommé à la tête des franciscains italiens et connaît mille difficultés. Il se lance dans une réforme de son ordre, exigeant notamment un respect plus strict de la règle. Des cardinaux de Naples et d’Aversa le chargent alors de réformer également plusieurs dizaines de monastères et couvents à travers l’Italie. Ce travail immense lui prendra une trentaine d’années.
Mais Jean-Joseph est aussi un père spirituel voué à la direction des âmes, ce en quoi il excelle. Il sera ainsi le directeur de conscience des futurs saints Alphonse de Liguori et François de Geronimo. Ces derniers seront d’ailleurs canonisés le même jour que lui ! Jean-Joseph est de plus célèbre pour ses charismes et sa grande vie mystique. Il a des apparitions de Marie et de l’Enfant-Jésus, des extases et des lévitations publiques. Il reçoit également le don de bilocation, celui de lire dans les cœurs et celui de prophétie. Mais il s’impose par ailleurs des mortifications très austères et jeûne souvent.
La profusion des dons surnaturels dont il dispose attire sur lui beaucoup d’attention. A l’époque du Siècle des Lumières, où le rationalisme fait loi, de nombreux penseurs nient l’existence des miracles. Jean-Joseph pour eux est le rappel vivant que la raison n’est pas capable de tout expliquer. Les grands esprits le tournent alors souvent en dérision, ce à quoi il réagit avec beaucoup d’humour.
Il aime Dieu d’un amour ardent : « Quand il n’y aurait ni Ciel ni enfer, dit-il, je voudrais néanmoins aimer Dieu toujours. » Sa charité pour les pauvres est plusieurs fois l’occasion de multiplication de pains ; il guérit également les malades et se dévoue auprès d’eux. Dans un esprit de pauvreté, il porte une tunique tellement rapiécée qu’on le surnomme « le Père Cent-Pièces ».
Finalement, il a la joie de voir les deux branches franciscaines réunifiées en 1722. Il a alors 68 ans. Il finit ses jours dans un couvent repris aux Espagnols, dans la prière et l’effacement. Le 5 mars 1734, il meurt, âgé de 80 ans